Le travail des infirmiers en hôpital psychiatrique

Couverture du livre "Le travail des infirmiers en hôpital psychiatrique" de Frédéric Mougeot. Couverture assez sobre. Fond blanc Nom de l'auteur en haut à droite, titre en jaune foncé avec deux grand tirets noirs en-dessus et au-dessous. En bas à droite on voit une silhouette grise de statue (la psychiatrie ?) soutenue par trois personnage bleu-blanc (les infirmiers), et c'est tout. Nom de l'éditeur en bas à gauche, avec la collection "clinique du travail".

Il se passe quoi dans la vie d’un hôpital psychiatrique ? Le manque de moyens, est-ce que ça permet tout, est-ce que ça explique tout ? Petite plongée dans le quotidien des infirmiers et infirmières psychiatriques qui font tourner l’hôpital.

Si l’on trouve sans trop de problème des critiques de la toute-puissance des psychiatres, notamment depuis Erwin Goffman et ses textes réunis dans Asiles, il est plus difficile de critiquer les infirmiers·ères. Vu·es sous le prisme des travailleur·euses exploité·es, on ne les conçoit pas comme bénéficiant d’un pouvoir sur plus en bas de l’échelle.

Frédéric Mougeot, sociologue dans le domaine de la santé, en immersion auprès d’infirmiers·ères psychiatriques, a analysé leur position dominante sur les patient·es, mais aussi leurs stratégies pour faire face à l’hôpital gestionnaire et à sa violence. Il interroge également leur rapport de force à la hiérarchie qui ne leur est selon lui pas aussi défavorable qu’on pourrait le croire au premier abord1 : indispensables, mais en sous-nombre – très peu se tournent vers la psychiatrie –, les infirmiers·ères auraient une marge de négociation relativement large.

« Plutôt que de distribuer leur temps de façon égalitaire pour l’ensemble des patients de l’unité, les soignants tendent à sélectionner un nombre limité de patients qu’ils prendront en charge en leur accordant davantage de temps. »

Chapitre 5 « Sous-pesages et usages de la clinique », p.115

Regroupé·es dans leur bureau, refusant le plus souvent de voir les patient·es (et plus particulièrement celles et ceux qui les demandent), iels choisissent qui est digne de leur attention et qui ne l’est pas, en fonction de nombreux critères, tels que la catégorie sociale, raciale, ou les revendications, qui déclassent rapidement la personne dans le groupe des non-méritant·es. Iels vont parfois même jusqu’à sciemment provoquer une profonde détresse pour tromper leur ennui et/ou renforcer leur adhésion au collectif infirmier. Les infirmiers·ères psychiatriques font alors pleinement partie du pouvoir psychiatrique qui s’applique sur le corps et l’esprit des patient·es ; iels en sont des maillons indispensables et créatifs, et pas seulement des petites mains qui appliquent des ordres.

Le travail des infirmiers en hôpital psychiatrique – Frédéric Mougeot
Editions Erès
Prix : 23€

  1. Les dominations à l’épreuve du quotidien psychiatrique : infirmiers, patients, gestionnaires

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