Le numéro 46 de la revue Réfractions (Recherches et Expressions Anarchistes) vient de paraître, sans que son rythme biannuel n’ait été ralenti par les confinements et sans que l’élaboration collective des différents numéro n’ait vraiment été perturbée par les évènements épidémiques.
Ce nouveau numéro succède à une précédente discussion autour de la notion de démocratie sauvage » (n° 45, Démocratie Sauvage et Anarchisme) automne 2020) – Une notion que le mouvement des « gilets jaunes » venait d’illustrer aux carrefours des routes et des rues, à travers un type de « conflits » qui cesseraient d’être perçus comme un dysfonctionnement mais au contraire comme étant le ressort même du projet anarchiste.[1]
Le numéro 46 de Réfractions,(« Préfigurations par ici l’Utopie ?») est particulièrement intéressant. Par bien des aspects il prend la suite de la Démocratie Sauvage dont il prolonge et élargit le questionnement. En s’efforçant d’échapper aux pièges académiques des savoirs universitaires (en grande partie nord-américains), il contribue à répondre aux nombreuses questions que pose son éditorial :
Quoi qu’il en soit des « étiquetages » produits par
les savoirs universitaires (« préfigurations », « utopies concrètes », « intersectionnalité » etc., – « que vaut le rassemblement sous ces étiquettes du mouvement Occupy en Amérique du Nord, des ZAD en France, plus généralement des tentatives de communautés libertaires, rurales ou urbaines, des zones autonomes temporaires [TAZ], voire de certaines composantes des mobilisations altermondialistes ? Que signifie préfigurer la communauté anarchiste à venir, ou concrétiser ici et maintenant dans une expérience la société nouvelle qu’on souhaite voir advenir ? Pourquoi insister sur le fait que les pratiques de lutte actuelles ne doivent pas entrer en contradictions avec les finalités qui les motivent ? Cela veut-il dire notamment que la révolution sociale ne serait plus à l’ordre du jour, mais ferait place à des expériences locales, diverses, multicolores, reliées entre elles par des réseaux informels ? Ou bien qu’elle devrait désormais se concevoir différemment, à la manière dont quelqu’un comme Gustav Landauer l’envisageait ? »
[1] Sue cette prise en compte du conflit comme ressort de l’anarchisme voir le livre récent sur l’histoire de la librairie, La Gryffe (ACL, 1919), ou encore, plus ancien, le n° 31 de Réfractions Les conflits c’est la vie, paru en 2013.
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